jeudi 10 octobre 2013

végétation privative qui suinte et intermède médiéval

 (karaoke-snack de Kita-senjû, un soir de semaine)
 
Pas beaucoup de mises à jour en ce moment, il faut dire que tous les crétins semblent s'être passé le mot pour fermer leur blog ou le laisser en friche depuis 1910, ce qui n'est certainement pas plus mal vue la laideur infâme de leur prose (et accessoirement de leur visage). Ah, tiens, on me souffle que le Tokyo blog vient de rouvrir, allons voir ça... Je tombe direct là-dessus : "La végétation privative qui suinte dans le domaine public est l'élément clé du contentement des rues banales."
D'accord !  (笑)

Le blog de Rob'Trick, quant à lui, continue son petit bonhomme de chemin dans le champ infini du bon gros DQN à prétentions sociologiques... Mais qu'attendre d'autre que d'exécrable d'un type qui avoue (et visiblement c'est du pur premier degré) écouter ce genre de musique : http://lejaponderobertpatrick.blogspot.jp/2013/01/playlist.html ? Mon cher Rob'Trick, aux démystificateurs en carton qui règlent leur entreprise de critique sur les plus usés et les plus rances des mythes en cours, je serais tenté de préférer les théologiens... qui eux au moins ont le mérite d'avouer sans façon leurs petits absolus. Pourtant, en cherchant bien, dans les commentaires précisément, on peut glaner de sympathiques petites choses sur son blog, lisez plutôt :  


 Anonyme a dit...


oï, je me délecte de ton post, c'est un réel plaisir à lire. J'apprécie particulièrement quand tu écris sur la vie nocturne tokyoite ( enfin, TA vie nocturne tokyoite, car la mienne, lors de mes innombrables visa 3 mois, me mène dans des endroits toujours anachroniques, c'est presque une malédiction ! Je tombe toujours dans des cafés bizarres de kitasenju ou des shitamachi - et à Osaka, toujours Juso. Le temps semble s'y être arrêté, des obachans que tout le monde appelle oneechan essayent de me rouler des pelles et de m'inviter dieu sait ou. Pas de chair fraiche, et la musique, c'est un peu de tout, mais j'ai appris à connaître et apprécier les 70's, du genre aki yashiro, abe shizue, Ohta hiromi etc... Mais la musique est svt insupportable, genre hotei tomoyasu, ou des vieux truc de momusu. Je me demande bien pq je tombe toujours dans ce genre d'endroit. Les chicots, l'atmosphère passée, le bouge quoi! Je m'attends toujours à ca que sasori entre...Si Brueghel avait pu peindre ça, il l'aurait fait... En même temps, je pense que c'est moins superficiel car c'est un monde nocturne d'avant 109/enjokousai, quand les gens sont bourrés, ils le sont comme des coréens, sans aucune retenue.)
Ha ha, Rob'Trick ne mérite pas (certains de) ses lecteurs !
J'en parle à un bon pote et lui copie/colle illico le message, il me répond :

Il faudra qu'il me les montre ces fameux endroits déglingos, car pas plus tard qu'il y a une semaine environ je me suis retrouvé dans un des ses fameux スナックバー vers Otsuka , un truc qui s'appelait 'Belle De Jour' (rires) mais j'ai pas eu droit à ça...enfin si, y'avait une nana, genre 48 ans, beaux lolos que j'ai bien tripoté (elle se laissait faire) mais il aurait fallu virer les autres sbires du bar qui faisaient semblant d'accepter le gaijin venu déranger ses pénates, quoi... 

Je me faisais la réflexion, cet été, dans la charmante ville de Laon, en Picardie : un des problèmes, c'est que nous ne sommes pas (plus) assez médiévaux ; il faudrait à la fois plus de piété, de spiritualité, de vie contemplative, d'incalculable comme dirait ce grand pitre de Stiegler, et, à au moins égale mesure, plus de carnavalesque. Tenir ensemble les contradictoires. Se laisser colorer par la lumière traversant les vitraux, et parallèlement honorer le jeu, le bas corporel, le débordement, la convivialité, la débauche. La Grande Beuverie, le Gai Savoir ! Mais surtout pas ce dégueulasse esprit Canal, surtout pas ce "comique" moisi 1/3 ressentiment, 1/3 méchant, 1/3 misogyne, surtout pas cette sociologie de bazar, ce ricanement de non-dupes n'étant allés nulle part et revenus de tout, ces jérémiades bien-pensantes, ces postures de surplomb, tout ce qui est sur-représenté dans les écrits en ligne sur le Japon.
Ce n'est pourtant pas une fatalité : les deux petits textes ci-dessus dévoilent un visage souvent caché de Tokyo (la queue de comète d'une certaine époque Edo ? voire), le Tokyo pas si fréquent, franchement résiduel même, des bouges crados, déglingués, bruyants, charnels, jouisseurs, qui fait penser aux livres de Jehan Bodel, de Villon, au monde des tavernes où les buveurs "s'en vont nu comme une beste" (Rutebeuf) et... c'est mieux, non ?

Rob'Inet